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Qu’est-ce qu’au juste être un parent bienveillant ? La parentalité bienveillante semble avoir le vent en poupe, mais parfois se trouve être particulièrement critiquée ; souvent lorsqu’elle est mal comprise, mais aussi parce que le terme qui la qualifie pourrait laisser penser que tous les autres parents sont des parents malveillants, or comment imaginer une seconde que la majorité des parents puissent être malveillants ? Cela paraît tout à fait improbable et injuste. Si étymologiquement le terme voudrait signifier « vouloir le bien (pour autrui) », sa définition est beaucoup plus ouverte, puisque la bienveillance est, dans de nombreux dictionnaires, une disposition favorable envers quelqu’un.

Nombre de personnes ne peuvent penser une parentalité bienveillante au-delà des méthodes qui se trouvent désormais à foison, or qu’en est-il réellement ? La parentalité bienveillante est-elle une question de méthode ? Une manière d’arriver à ses propres fins avec « ses » enfants ? Je n’en crois rien. Ces méthodes ont leurs qualités et leurs limites. Elles ont le mérite d’être force de proposition, mais ne sauraient garantir quoi que ce soit si l’attente du parent est qu’elles fonctionnent au sens où il s’agirait de réussir à faire obéir « leur(s) » enfant(s). Elles ne sont que des outils. Ces méthodes existent pour tâcher de s’interroger et d’apprendre à construire des relations à la fois authentiques et respectueuses. Elles ne sont pas là pour éviter les conflits, mais pour proposer des pistes de résolution où chacun.e puisse trouver son compte précisément lorsqu’il y a conflit. Quoi qu’il en soit, la notion de bienveillance semble être subjective au moins à deux égards. D’abord, chaque personne aura une définition différente de la bienveillance en général et a fortiori de la parentalité bienveillante. Pour certains, il s’agira de ne pas frapper ses enfants, ni les insulter, ni les dénigrer. Pour d’autres, le fait d’élever la voix de colère ne sera pas acceptable. Pour d’autres encore, il ne faudra pas, en plus, ni juger ni étiqueter. Pour les plus radicales, des points communs apparaissent : viser à se détacher du pouvoir que la société nous confère sur nos enfants en faisant valoir leur pouvoir d’agir sur leur propre vie.

Quel bien ?

Si on reprend l’étymologie « veiller au bien » du terme bienveillance, il est clair que le bien est toujours subjectif. Ce qui paraît le plus étonnant est qu’une majorité de personnes impliquées dans la parentalité bienveillante soutient une philosophie qui vise à sortir du manichéisme. L’utilisation du terme bienveillance n’est alors peut-être qu’une habitude de langage, ou une mode. Serait-il donc possible de définir des critères spécifiques à ce type de parentalité pour peut-être chercher à la redéfinir et à la renommer ? Le langage construit notre pensée autant que notre pensée construit notre langage. Langage et pensée influencent également nos comportements, il ne semble donc pas si vain de vouloir discuter des termes utilisés. Les limites et écueils du champ lexical de la bienveillance sont en réalité une expression des difficultés à incarner l'idéal de parentalité que chacun imagine à l'évocation de ce […]

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Mélissa Plavis Je suis maman de quatre enfants : Liam et Lissandro, des jumeaux (2006), Alawn (2009) et Elyssan (2012). Mes enfants "grandissent autrement" depuis leur naissance. J’ai vécu avec eux quelques expériences dont il question dans Grandir Autrement : césarienne, AVAC, accouchements à domicile, allaitement long, de jumeaux, co-allaitement, communication sur les besoins d'élimination (HNI), instruction en famille, unschooling. Et j’en ai vécu d’autres pour moi-même : connaissance de sa fécondité, contraception naturelle, flux libre instinctif, etc. Selon moi toutes ces pratiques sont reliées et ont un lien direct avec l'écologie. Je m'intéresse aux alternatives écologiques dans tous les domaines et en particulier sur les questions de parentage proximal, de parentalité écologique et d’écoféminité. Je suis auteure d’un ouvrage intitulé Apprendre par soi-même, avec les autres, dans le monde. L’expérience du unschooling, publié aux Éditions Le Hêtre-Myriadis en 2017. Je suis également doctorante en anthropologie à l’université Paris-Nanterre et je travaille sur la question de la parentalité dans les familles en unschooling. Je dis parfois que je suis accompagnante polyvalente dans la mesure où ma spécialité est l'accompagnement, qu'il s'agisse de femmes, d'hommes, de couples, d'enfants, de personnes handicapées ou âgées. J'ai commencé ma vie professionnelle en tant qu'éducatrice sportive handisport et sport adapté. J'ai également été animatrice LLL et animatrice portage au sein de l'association Peau à Peau. Je suis une slasheuse comme on dit aujourd'hui : doula, formatrice en portage physiologique, formatrice en planning familial naturel (connaissance de sa fécondité, contraception naturelle, désir d'enfant). De plus, je suis attachée à communiquer sur la gestion du flux appelé également le flux libre instinctif (ou encore les femmes sans couche, parce qu’il n'y a pas que les bébés qui y ont le droit). Lorsqu'on m'a proposé d'écrire dans Grandir Autrement, j'ai bien sûr accepté avec joie. Contribuer à un magazine mettant en lien parentalité et écologie (et donc aussi féminité) ne pouvait pas mieux tomber. Je prends donc depuis janvier 2016 un grand plaisir à y écrire pour partager mes expériences et les idées que j'ai pu développer tout au long de ma vie ou bien d'aborder des thématiques avec la perspective qui est la mienne et ainsi, en me découvrant, les réinterroger tant que possible. Parce que je crois que la diversité est la résilience et/ou que la résilience est la diversité, je suis heureuse de pouvoir exercer toutes ces activités qui, bien que différentes, restent liées par les valeurs qu'elles soutiennent et véhiculent. Une façon pour moi d'allier ces valeurs à ma vie professionnelle sans mettre de côté ma vie familiale.

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