Le deuil périnatal est un sujet sensible, douloureux et tabou. Nombre de femmes ont vécu des fausses-couches, que celles-ci aient été précoces ou tardives. Alors que la plupart du temps les fausses-couches arrivent spontanément et parfois même brutalement, il arrive qu’une femme, un couple, apprenne que son bébé est porteur de malformations et/ou de pathologies. Ces dernières ne mettent pas forcément la vie de Bébé en péril, mais des handicaps, parfois très lourds, sont annoncés. D’autres fois, la pathologie est létale et c’est la mort de Bébé qui est annoncée, que celle-ci puisse survenir in-utero ou ex-utero, quelques minutes ou heures après la naissance ou bien encore quelques semaines ou mois plus tard. Dans chacune de ces situations, les parents peuvent choisir l’interruption médicale de grossesse (IMG) ou choisir de garder leur enfant, malgré les handicaps ou le décès inévitables. J’aimerais ici témoigner de mon expérience et ainsi permettre à chacun.e d’entre vous d’envisager la possibilité de dire non à l’interruption médicale de grossesse (IMG), si c’est, bien évidemment, ce que vous sentez que vous souhaitez au fond de vous, malgré les fortes incitations à mettre fin le plus rapidement possible à cette expérience… pour votre bien. Django était porteur d’une pathologie létale, la trisomie 13. Il avait plus de chance de mourir in-utero que d’arriver à terme, mais il s’est accroché. Incapables de mettre fin à ses jours prématurément, nous l’avons laissé grandir dans mon ventre en refusant l’IMG. Au début, nous redoutions le jour où il mourrait in-utero et puis il nous a bien fallu admettre qu’il n’avait pas l’air de vouloir lâcher prise ! Le temps passant nous commencions même à envisager son arrivée parmi nous. Nous savions qu’il pouvait mourir très rapidement après sa naissance. Nous avons donc souhaité qu’il naisse à la maison pour profiter pleinement de l’accouchement et de tous les instants de sa probable courte vie.

Grossesse et luttes

Après qu’on nous ait annoncé, lors de l’échographie du premier trimestre, que Django semblait avoir quelques soucis morphologiques, puis que nous ayons eu confirmation quinze jours plus tard de la gravité de ses malformations et que nous apprenions finalement encore quelque temps plus tard qu’il était porteur d’une anomalie chromosomique, je n’ai cessé de faire des recherches pour comprendre cette pathologie, ainsi que de lire tous les témoignages que je pouvais trouver de parents ayant vécu cette situation. Je luttais contre moi-même pour, après être sortie du déni suivant l’annonce, pouvoir accepter la situation telle qu’elle était, et ce sans culpabilité. Le temps passant, nous nous faisions à l’idée et nous décidions de vivre alors tout ce qu’il était possible avec Django, ce qui passait par l’accueillir au plus doux, soit qu’il naisse à la maison, ce qui n’était pas une mince affaire ! Nous avons tout d’abord reçu énormément de non fermes et catégoriques, principalement pour des raisons dites médico-légales. Nous savons à quel point les sages-femmes proposant des accouchements à domicile sont malmenées, alors accepter d’accompagner un accouchement dans ce contexte précis était pour elles […]
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Mélissa Plavis Je suis maman de quatre enfants : Liam et Lissandro, des jumeaux (2006), Alawn (2009) et Elyssan (2012). Mes enfants "grandissent autrement" depuis leur naissance. J’ai vécu avec eux quelques expériences dont il question dans Grandir Autrement : césarienne, AVAC, accouchements à domicile, allaitement long, de jumeaux, co-allaitement, communication sur les besoins d'élimination (HNI), instruction en famille, unschooling. Et j’en ai vécu d’autres pour moi-même : connaissance de sa fécondité, contraception naturelle, flux libre instinctif, etc. Selon moi toutes ces pratiques sont reliées et ont un lien direct avec l'écologie. Je m'intéresse aux alternatives écologiques dans tous les domaines et en particulier sur les questions de parentage proximal, de parentalité écologique et d’écoféminité. Je suis auteure d’un ouvrage intitulé Apprendre par soi-même, avec les autres, dans le monde. L’expérience du unschooling, publié aux Éditions Le Hêtre-Myriadis en 2017. Je suis également doctorante en anthropologie à l’université Paris-Nanterre et je travaille sur la question de la parentalité dans les familles en unschooling. Je dis parfois que je suis accompagnante polyvalente dans la mesure où ma spécialité est l'accompagnement, qu'il s'agisse de femmes, d'hommes, de couples, d'enfants, de personnes handicapées ou âgées. J'ai commencé ma vie professionnelle en tant qu'éducatrice sportive handisport et sport adapté. J'ai également été animatrice LLL et animatrice portage au sein de l'association Peau à Peau. Je suis une slasheuse comme on dit aujourd'hui : doula, formatrice en portage physiologique, formatrice en planning familial naturel (connaissance de sa fécondité, contraception naturelle, désir d'enfant). De plus, je suis attachée à communiquer sur la gestion du flux appelé également le flux libre instinctif (ou encore les femmes sans couche, parce qu’il n'y a pas que les bébés qui y ont le droit). Lorsqu'on m'a proposé d'écrire dans Grandir Autrement, j'ai bien sûr accepté avec joie. Contribuer à un magazine mettant en lien parentalité et écologie (et donc aussi féminité) ne pouvait pas mieux tomber. Je prends donc depuis janvier 2016 un grand plaisir à y écrire pour partager mes expériences et les idées que j'ai pu développer tout au long de ma vie ou bien d'aborder des thématiques avec la perspective qui est la mienne et ainsi, en me découvrant, les réinterroger tant que possible. Parce que je crois que la diversité est la résilience et/ou que la résilience est la diversité, je suis heureuse de pouvoir exercer toutes ces activités qui, bien que différentes, restent liées par les valeurs qu'elles soutiennent et véhiculent. Une façon pour moi d'allier ces valeurs à ma vie professionnelle sans mettre de côté ma vie familiale.

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