© Anne-Lise Girboux
Nombre de parents que je rencontre, attirés par le unschooling, ce mode d’être et de vie, qui pour l’instruction se traduit par le fait de laisser les enfants libres de leurs activités, et ainsi d’apprendre à leur rythme ce qui les intéresse, ou encore d’apprendre, malgré eux, ce à quoi la vie les confronte, s’inquiètent de savoir si l’environnement qu’ils proposent à leurs enfants est suffisamment riche. Certains se sentent trop isolés en campagne, et ce, parfois même malgré les nombreuses rencontres proposées localement dans certaines régions denses comme l’Île-de-France. De ce fait, et aussi souvent pour d’autres raisons, certains font le choix de devenir nomades ou semi-nomades, provisoirement ou définitivement, et partent en camion, en voiture, à vélo ou même à pied à la découverte du monde, des gens, voire d’eux-mêmes.

Tous les jeunes qui ont répondu à mon appel à témoignage pour l’article « La vie nomade vue par les enfants1 » étaient déscolarisés et s’instruisent en famille. La plupart des enfants et tous les jeunes, quelle que soit la forme de leur instruction, semblaient ravis de ne pas aller à l’école ! Pour Aran, 5 ans, n’étant jamais allé à l’école et ayant été nomade un an, c’est même « Très très très très très très bien ! ». Laura, 16 ans, ayant voyagé huit ans depuis ses 4 ans, semble plutôt d’accord : « Je pense que c’était vraiment bien et l’école ne m’a pas du tout manqué ! ». Voici quelques explications plus en détail.

« Et alors, tu ne vas pas à l'école? Comment ça se passe pour toi ? »

Une seule jeune personne sur les huit interviewées suivait des cours par correspondance. Anouck, 13 ans, ayant changé de mode de vie il y a deux ans, semble totalement satisfaite de vivre son instruction autrement : « Étant sans domicile fixe, nous faisons l'école à la maison grâce à un support, le CNED2. Le CNED nous fait parvenir les cahiers de cours consacrés à notre enseignement, du coup, j’apprends la même chose que les 5e, mais j’étudie allongée sur mon canapé ! » La plupart des autres ne recevaient aucun, ou très peu d’enseignement imposé, la vie nomade semblant suffisamment riche pour nourrir leur curiosité et les ouvrir à de nombreux domaines de connaissances ou compétences. Milan, 13 ans, non scolarisé depuis toujours et voyageant depuis cinq ans avec sa mère, raconte : « J’apprends dans des vidéos, on fait pas trop de scolaire, mais on en fait un peu et c’est pas bien ! ». Keolys, 9 ans, parti en camping-car quand il avait 7 ans, vit en unschooling : « Je ne vais pas à l’école et je ne fais pas non plus l’école à la […]

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Mélissa Plavis Je suis maman de quatre enfants : Liam et Lissandro, des jumeaux (2006), Alawn (2009) et Elyssan (2012). Mes enfants "grandissent autrement" depuis leur naissance. J’ai vécu avec eux quelques expériences dont il question dans Grandir Autrement : césarienne, AVAC, accouchements à domicile, allaitement long, de jumeaux, co-allaitement, communication sur les besoins d'élimination (HNI), instruction en famille, unschooling. Et j’en ai vécu d’autres pour moi-même : connaissance de sa fécondité, contraception naturelle, flux libre instinctif, etc. Selon moi toutes ces pratiques sont reliées et ont un lien direct avec l'écologie. Je m'intéresse aux alternatives écologiques dans tous les domaines et en particulier sur les questions de parentage proximal, de parentalité écologique et d’écoféminité. Je suis auteure d’un ouvrage intitulé Apprendre par soi-même, avec les autres, dans le monde. L’expérience du unschooling, publié aux Éditions Le Hêtre-Myriadis en 2017. Je suis également doctorante en anthropologie à l’université Paris-Nanterre et je travaille sur la question de la parentalité dans les familles en unschooling. Je dis parfois que je suis accompagnante polyvalente dans la mesure où ma spécialité est l'accompagnement, qu'il s'agisse de femmes, d'hommes, de couples, d'enfants, de personnes handicapées ou âgées. J'ai commencé ma vie professionnelle en tant qu'éducatrice sportive handisport et sport adapté. J'ai également été animatrice LLL et animatrice portage au sein de l'association Peau à Peau. Je suis une slasheuse comme on dit aujourd'hui : doula, formatrice en portage physiologique, formatrice en planning familial naturel (connaissance de sa fécondité, contraception naturelle, désir d'enfant). De plus, je suis attachée à communiquer sur la gestion du flux appelé également le flux libre instinctif (ou encore les femmes sans couche, parce qu’il n'y a pas que les bébés qui y ont le droit). Lorsqu'on m'a proposé d'écrire dans Grandir Autrement, j'ai bien sûr accepté avec joie. Contribuer à un magazine mettant en lien parentalité et écologie (et donc aussi féminité) ne pouvait pas mieux tomber. Je prends donc depuis janvier 2016 un grand plaisir à y écrire pour partager mes expériences et les idées que j'ai pu développer tout au long de ma vie ou bien d'aborder des thématiques avec la perspective qui est la mienne et ainsi, en me découvrant, les réinterroger tant que possible. Parce que je crois que la diversité est la résilience et/ou que la résilience est la diversité, je suis heureuse de pouvoir exercer toutes ces activités qui, bien que différentes, restent liées par les valeurs qu'elles soutiennent et véhiculent. Une façon pour moi d'allier ces valeurs à ma vie professionnelle sans mettre de côté ma vie familiale.

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