© Sophie Elusse

« C’est l’heure de se lever les enfants ! Dépêchez-vous ! Le petit déjeuner est prêt. Allez allez, finissez de manger, allez vous laver et vous habiller, vous allez arriver en retard à l’école. Les enfants ? Vous êtes prêts ? Il faut y aller ! Nous sommes en retard ! ». La majorité des jeunes en France sont tirés de leur sommeil artificiellement, ne peuvent pas prendre le temps de se réveiller, de manger, de rêver, etc. Ils doivent vite se préparer pour arriver à l’heure à l’école. Et une fois en classe, ils passent d’une activité ou d’un enseignement à un.e autre à un rythme rigidement, voire hautement, cadencé. Il s’agit encore et toujours de remplir le temps, de ne jamais s’arrêter, de toujours être actif. De la maternelle au lycée, en passant par le primaire et le collège, le temps est toujours compté, coupé par cette sonnerie, qui je le crois, retentit encore dans nos oreilles d’anciens écoliers rien que d’y penser. Et pour ne rien changer, la majorité des adultes continuent à vivre à ce rythme effréné auquel ils ont soigneusement été préparés, pour ne pas dire formatés !

J’ai eu l’occasion d’assister à une journée d’adaptation à l’école maternelle à laquelle les parents peuvent participer. L’institutrice a commencé par nous expliquer que les enfants ne sont capables que de très courts temps de concentration, raison pour laquelle il est nécessaire de changer très souvent d’activité. J’étais étonnée par ces propos, j’avais plutôt l’idée que des enfants enthousiasmés par ce qu’ils entreprennent peuvent s’y consacrer pendant des temps assez longs (et ce même si leur attention se relâche à certains moments). Qui n’a pas observé ses propres enfants jouer à l’eau, au sable pendant des heures sans se lasser ?

Temps scandé

Pour commencer, l’institutrice a proposé de la pâte à modeler. Peu de temps après, elle a demandé aux enfants de ranger pour passer à autre chose. Bien entendu, certains, pris dans leur activité et n’ayant pas fini leur modelage n’avaient aucune envie de s’arrêter. La maîtresse a insisté et les a obligés à terminer. Peu de temps après, le même processus s’est répété avec la dînette. J’avais l’impression d’assister à une bouffonnerie. J’étais témoin de l’a priori que cette femme, et plus largement l’école et notre société, projetaient sur les enfants. Mais peut-être n’était-ce lié qu’à sa peur de faire face à des enfants libres, non canalisés ou encore s’ennuyant ? Sans compter l’enjeu lié à la présence des parents pouvant, peut-être, se convaincre que les propositions, ou les impositions, d’activités n’étaient pas suffisamment stimulantes ? En effet, en tant que parents, nous avons plutôt été éduqués à attendre des professionnels accueillant les enfants qu’ils les occupent sans relâche. Ceci, plutôt que de simplement aménager un lieu dans lequel les jeunes pourraient s’occuper par eux-mêmes sans être constamment animés par autrui, au sens étymologique du terme : « à qui on donne de la vie  […]

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Mélissa Plavis Je suis maman de quatre enfants : Liam et Lissandro, des jumeaux (2006), Alawn (2009) et Elyssan (2012). Mes enfants "grandissent autrement" depuis leur naissance. J’ai vécu avec eux quelques expériences dont il question dans Grandir Autrement : césarienne, AVAC, accouchements à domicile, allaitement long, de jumeaux, co-allaitement, communication sur les besoins d'élimination (HNI), instruction en famille, unschooling. Et j’en ai vécu d’autres pour moi-même : connaissance de sa fécondité, contraception naturelle, flux libre instinctif, etc. Selon moi toutes ces pratiques sont reliées et ont un lien direct avec l'écologie. Je m'intéresse aux alternatives écologiques dans tous les domaines et en particulier sur les questions de parentage proximal, de parentalité écologique et d’écoféminité. Je suis auteure d’un ouvrage intitulé Apprendre par soi-même, avec les autres, dans le monde. L’expérience du unschooling, publié aux Éditions Le Hêtre-Myriadis en 2017. Je suis également doctorante en anthropologie à l’université Paris-Nanterre et je travaille sur la question de la parentalité dans les familles en unschooling. Je dis parfois que je suis accompagnante polyvalente dans la mesure où ma spécialité est l'accompagnement, qu'il s'agisse de femmes, d'hommes, de couples, d'enfants, de personnes handicapées ou âgées. J'ai commencé ma vie professionnelle en tant qu'éducatrice sportive handisport et sport adapté. J'ai également été animatrice LLL et animatrice portage au sein de l'association Peau à Peau. Je suis une slasheuse comme on dit aujourd'hui : doula, formatrice en portage physiologique, formatrice en planning familial naturel (connaissance de sa fécondité, contraception naturelle, désir d'enfant). De plus, je suis attachée à communiquer sur la gestion du flux appelé également le flux libre instinctif (ou encore les femmes sans couche, parce qu’il n'y a pas que les bébés qui y ont le droit). Lorsqu'on m'a proposé d'écrire dans Grandir Autrement, j'ai bien sûr accepté avec joie. Contribuer à un magazine mettant en lien parentalité et écologie (et donc aussi féminité) ne pouvait pas mieux tomber. Je prends donc depuis janvier 2016 un grand plaisir à y écrire pour partager mes expériences et les idées que j'ai pu développer tout au long de ma vie ou bien d'aborder des thématiques avec la perspective qui est la mienne et ainsi, en me découvrant, les réinterroger tant que possible. Parce que je crois que la diversité est la résilience et/ou que la résilience est la diversité, je suis heureuse de pouvoir exercer toutes ces activités qui, bien que différentes, restent liées par les valeurs qu'elles soutiennent et véhiculent. Une façon pour moi d'allier ces valeurs à ma vie professionnelle sans mettre de côté ma vie familiale.

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