© Louison Catalan

Certains parents ont construit leur projet d’enfantement à plus que deux ; d’autres ont eu des enfants en couple monogame, avant de s’ouvrir à ce qu’on nomme en France le polyamour, et ailleurs le polyamorie. Il s’agit de considérer qu’aimer plusieurs personnes en même temps est possible. Ces relations peuvent être tout à la fois, amoureuses ou non, sexuelles ou non. Parfois des contrats moraux sont passés, parfois non. Les configurations peuvent être stables ou mouvantes. Les relations entre les différents partenaires se ressemblent ou diffèrent. En bref, le « polyamour » consiste en un autre paradigme qu’on pourrait qualifier d’éco-logique1. Dans cet article, nous nous concentrerons sur la pluriparentalité dans les polyfamilles.

J’aimerais donner la parole aux personnes vivant le polyamorie et ayant des enfants, que ceux-ci aient été conçus/adoptés avant ou après la découverte de cet autre paradigme. En effet, mon appel à témoignage concernait a priori des personnes ayant construit un projet polyfamilial ou pluriparental en amont, mais les nombreux témoignages recueillis m’ont montré que nombre d’entre eux avaient eu leurs enfants alors qu’ils étaient encore en couple monogame. J’en profite pour remercier toutes les personnes qui m’ont dévoilé un bout de leur vie et de leur intimité avec autant d’authenticité, qu’ils apparaissent ici explicitement ou pas, faute de place.

Différentes configurations

Les configurations polyfamiliales sont toutes différentes les unes des autres, allant de trois personnes à une véritable « constellation familiale », où nombre de personnes s’occupent des enfants, incluant parfois plusieurs générations. Les (é)coparents vivent ensemble, ponctuellement ou au long cours, ou pas. Claire est enceinte, elle vit avec Karl. Ils ont construit un projet de pluriparentalité avec Arthur, qui est également en relation avec Claire, mais qui vit avec sa femme à quelques centaines de kilomètres. Ce dernier est régulièrement présent chez eux pour quelques jours à une semaine par mois. La venue de cet enfant a été dès le début pensée comme un projet collectif, partant initialement d’un contexte polyamoureux qui aurait même pu inclure plus de personnes. Claire est à l’initiative de cette grossesse pluriparentale. Elle ne voulait mettre un enfant au monde que si toutes les conditions lui semblant justes étaient réunies. Elle ne voulait pas être seule à élever un enfant. Karl et Arthur étaient d’accord. La pluriparentalité semblait être la continuité logique du polyamour. Il fallait juste, selon eux, prendre en compte la situation existante et les différences d’engagement que cela impliquait nécessairement, sans pour autant tout savoir et comprendre à l’avance, notamment pour ce qui concerne leurs rôles respectifs.

Sarah est divorcée et a la garde exclusive amiable des trois enfants qu’elle a eus avec son ex-mari. Actuellement, elle vit avec un de ses compagnons. Elle a un second compagnon, Tony, vivant tout près, qui a une fille de 8 ans une semaine sur deux. Il se reconnaît comme un référent parental pour les enfants de Sarah et reconnaît Sarah comme une référente parentale pour sa […]

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Mélissa Plavis Je suis maman de quatre enfants : Liam et Lissandro, des jumeaux (2006), Alawn (2009) et Elyssan (2012). Mes enfants "grandissent autrement" depuis leur naissance. J’ai vécu avec eux quelques expériences dont il question dans Grandir Autrement : césarienne, AVAC, accouchements à domicile, allaitement long, de jumeaux, co-allaitement, communication sur les besoins d'élimination (HNI), instruction en famille, unschooling. Et j’en ai vécu d’autres pour moi-même : connaissance de sa fécondité, contraception naturelle, flux libre instinctif, etc. Selon moi toutes ces pratiques sont reliées et ont un lien direct avec l'écologie. Je m'intéresse aux alternatives écologiques dans tous les domaines et en particulier sur les questions de parentage proximal, de parentalité écologique et d’écoféminité. Je suis auteure d’un ouvrage intitulé Apprendre par soi-même, avec les autres, dans le monde. L’expérience du unschooling, publié aux Éditions Le Hêtre-Myriadis en 2017. Je suis également doctorante en anthropologie à l’université Paris-Nanterre et je travaille sur la question de la parentalité dans les familles en unschooling. Je dis parfois que je suis accompagnante polyvalente dans la mesure où ma spécialité est l'accompagnement, qu'il s'agisse de femmes, d'hommes, de couples, d'enfants, de personnes handicapées ou âgées. J'ai commencé ma vie professionnelle en tant qu'éducatrice sportive handisport et sport adapté. J'ai également été animatrice LLL et animatrice portage au sein de l'association Peau à Peau. Je suis une slasheuse comme on dit aujourd'hui : doula, formatrice en portage physiologique, formatrice en planning familial naturel (connaissance de sa fécondité, contraception naturelle, désir d'enfant). De plus, je suis attachée à communiquer sur la gestion du flux appelé également le flux libre instinctif (ou encore les femmes sans couche, parce qu’il n'y a pas que les bébés qui y ont le droit). Lorsqu'on m'a proposé d'écrire dans Grandir Autrement, j'ai bien sûr accepté avec joie. Contribuer à un magazine mettant en lien parentalité et écologie (et donc aussi féminité) ne pouvait pas mieux tomber. Je prends donc depuis janvier 2016 un grand plaisir à y écrire pour partager mes expériences et les idées que j'ai pu développer tout au long de ma vie ou bien d'aborder des thématiques avec la perspective qui est la mienne et ainsi, en me découvrant, les réinterroger tant que possible. Parce que je crois que la diversité est la résilience et/ou que la résilience est la diversité, je suis heureuse de pouvoir exercer toutes ces activités qui, bien que différentes, restent liées par les valeurs qu'elles soutiennent et véhiculent. Une façon pour moi d'allier ces valeurs à ma vie professionnelle sans mettre de côté ma vie familiale.

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