
- Article issu du numéro 92 – Nature, terre de jeux
par Guillemette Lepelletier & Chantal Dugnas
Le temps de la maternité, du désir d’enfant à la naissance, a de nombreux impacts sur le comportement comme sur la biologie de l’enfant né. On parle d’empreintes pré- et post-natales : de mémoires, dites engrammes, qui s’impriment dans les cellules de l’enfant au fur et à mesure de son développement.
Chantal Dugnas1, sage-femme, me partageait récemment un constat : de plus en plus de nouveau-nés sont porteurs d’un frein de langue. Qu’est-ce que cela veut dire ? Quelles en sont les conséquences ? Comment expliquer ce constat ? Une question ancienne puisque Louis XII, déjà, en souffrait. Chantal nous éclaire.
D’un point de vue physiologique, de quoi parle-t-on ?
Le Docteur Baxter2 nous explique : « La langue est un organe complexe composé de huit muscles impliqués dans l’alimentation, la respiration, la parole, le sommeil, la posture et de nombreuses autres fonctions essentielles. La fonction idéale de la langue et les postures de repos des muscles fournissent également un moule pour une croissance et un développement appropriés des arcades dentaires, du visage et des voies respiratoires. Une fois le développement oral du fœtus terminé, il reste sous la langue une fine membrane appelée frein ou frenulum. Cette corde de tissu varie en longueur, en épaisseur, en position et en élasticité. » Chantal résume en présentant le frein de langue restrictif comme un tissu resté attaché alors qu’il aurait dû disparaître pour que la langue garde son élasticité. Remarquer la multiplication des hoquets de l’enfant pendant la grossesse est déjà une indication de vigilance sur ce sujet.
En quoi est-ce un problème pour l’enfant ?
Dans un premier temps, Chantal constate une mauvaise prise du sein ou du biberon : Bébé se fatigue très vite et s’endort. Les tétées sont interminables et peu nutritives, d’où des tétées toutes les une à deux heures et un sommeil court. Pleurs, agitation, signes de reflux gastro-œsophagien (quand le nouveau-né se retire du sein en se cambrant), régurgitations, claquements de langue, rots, ballonnements, fuites de lait lors de la tétée... Une multitude de symptômes peuvent trouver leur explication dans la présence de ce frein de langue restrictif. Les problèmes de muguet et de colique en font partie. Si l’enfant dort la bouche ouverte, avec une respiration bruyante ou encore une faible prise de poids, avec décrochage de la courbe lors des pics de croissance, ce sont aussi des signes associés à ce frein de langue restrictif. Le lien avec les causes de la mort subite du nourrisson n’est pas encore avéré mais la question se pose.
Des conséquences aussi pour la jeune mère
En ce qui concerne […]