
Je suis devenue mère à la naissance de mon premier enfant. Néanmoins, chaque naissance, et chaque grossesse, qu’elles aient été menées à terme ou non, m’ont fait naître mère. Parce que chacune a été différente, génératrice de transformations, tant dans mon corps que dans mon esprit, mais aussi, bien sûr, dans ma vie.
J’ai 22 ans, je suis en couple depuis six ans lorsque je décide d’emprunter un autre chemin. Mon souhait n’est pas partagé. C’est une séparation difficile, dont je peine à me remettre. Et puis, très vite, je retombe amoureuse. Las, c’est une histoire sans lendemain. Lui papillonne, moi je rêve. Nos routes ne cessent de se croiser, mais nous ne regardons pas dans la même direction. Au bout de quelques mois, je me fais une raison. Et puis un soir – un 14 février, une date que je ne risque pas d’oublier – des douleurs intenses dans le bas-ventre me font penser que ce sont mes règles qui s’annoncent, avec juste un peu plus d’intensité que d’habitude. À l’époque je prends la pilule, mais mon cycle est très irrégulier, avec des saignements entre chaque cycle. Je ne me suis donc pas inquiétée de ne pas les voir arriver plus tôt. Et pourtant… J’apprendrai quelques heures et contractions plus tard que c’est une fausse couche que j’ai vécue, seule, dans mon lit puis dans ma salle de bain, cette nuit-là. Cette première grossesse, qui n’était ni voulue ni attendue, et qui n’a duré qu’à peine quelques semaines, m’a prise totalement au dépourvu. À tel point que je n’en ai parlé à personne. Je me sentais coupable. Coupable de ne pas avoir senti que j’étais enceinte. De n’avoir pas vu les signes annonciateurs. Quoiqu’il en soit, une fois digéré cet épisode, et même si je n’ai ni senti ni vu quoi que ce soit d’autre que des contractions et du sang, je me suis sentie différente, comme transformée par cette expérience. Bien sûr, je n’étais (toujours) pas mère, mais je ne me sentais définitivement plus la même.