
- Article issu du numéro 91 – Être parents dans la tourmente
En voilà un bien étrange titre ! Et pourtant... Laissez-vous surprendre par ce que les Néerlandais ont à vous partager. « Le Niksen est une philosophie de vie néerlandaise consistant à être oisif sans but. C’est-à-dire que, quand nous ne faisons rien, ce n’est pas pour nous calmer ou devenir meilleurs : on le fait “juste comme ça”.1 »
Il est devenu socialement obligatoire d’être heureux, ce qui nous amène à chercher toujours plus de méthodes de bien-être, demandant un investissement d’énergie et financier ; de se « former ». Le Niksen ne demande rien de tout cela, ni que vous changiez. Il est d’une simplicité extrême. Il nous permettrait de refaire le plein d’énergie, nous rendrait plus productifs, plus créatifs. Il paraîtrait même qu’il ferait de nous de meilleurs décisionnaires en nous donnant la possibilité de passer en revue toutes les solutions envisageables à une question pour en choisir la meilleure. Ce n’est pas tout, « ne rien faire » permettrait d’effectuer un réajustement de nous-même permettant par la suite de faire de même avec notre environnement. C’est un peu un service à la communauté ! Nous avons tous le droit de ne rien faire, et ce serait même une très bonne idée.
Est-ce vraiment possible ?
C’est un concept que nous ne savons pas appliquer dans de nombreux pays, où nous sommes sans cesse « sur actifs ». « Consciemment ou inconsciemment, les habitants des Pays-Bas ont certainement créé des circonstances idéales pour faciliter la pratique de Niksen par rapport à beaucoup d’autres cultures et nations. À mon avis, les Pays-Bas sont l’endroit idéal pour l’adopter.2 » Il est possible d’adopter de petits éléments d’une autre culture, mais impossible de l’assimiler entièrement. À cette époque où nous devons être de parfaits « eierlegende Wollmilchsäue – autrement dit des cochons qui, en plus de faire de la viande, donnent du lait, pondent des œufs et produisent de la laine3 », « ne rien faire » est un vrai défi ! Et pourtant, un peu partout dans le monde, il existe des termes pour nommer ce concept (la dolce farniente pour les Italiens, la sieste dans les pays méditerranéens, le wu wei pour les Chinois, etc.). Cela prouve bien la nécessité, vieille comme le monde et au-delà des frontières, de prendre ce temps.
Ce que le Niksen n’est pas
Il ne s’agit pas ici de pleine conscience. Bien au contraire, le Niksen nous permet de nous échapper dans notre tête et de nous y perdre un moment. Ce n’est ni de la […]