
- Article issu du numéro 91 – Être parents dans la tourmente
Je ne peux que me réjouir de voir ce genre de réalisations se multiplier. Mes enfants ont eu la chance de fréquenter (il y a une quarantaine d’années !) une crèche où l’on ne craignait pas de se salir dans la terre du dehors et où les bébés faisaient la sieste à l’air libre, même en hiver. Et mes petits-fils ont eu la chance de vivre dans une école plantée au sein d’une ferme et toute proche de la forêt2.
Bienfaits de la nature et de la liberté de mouvement
J’ai plusieurs fois consacré ma chronique aux bienfaits qu’apporte aux enfants, petits et grands, le contact avec la nature : plus de calme, meilleur sommeil, meilleur microbiote, meilleur système immunitaire, moins d’allergies, meilleures relations entre les enfants, et entre enfants et adultes, sensibilisation à l’écologie, etc.
Mais le contact avec la nature ne veut rien dire s’il ne s’accompagne pas d’une (certaine) liberté de mouvement.
Là aussi, j’ai parlé à plusieurs reprises de la nécessité pour les enfants d’être libres d’aller et venir, au moins dans un certain périmètre, et du fait que notre environnement actuel (notamment dans les villes) et la peur pour leur sécurité sont très peu propices à cette liberté3.
Rappelons qu’en 2011, l’UNICEF avait demandé aux enfants ce dont ils avaient besoin pour être heureux, et que « les trois premières réponses [étaient] le temps (particulièrement avec leur famille), les amitiés et, ce qui est très révélateur, “dehors” [...] Des études montrent que lorsque les enfants sont autorisés à jouer de manière non structurée dans la nature, leur sens de la liberté, d’indépendance et de force intérieure prospère, et les enfants en pleine nature sont non seulement moins stressés, mais aussi se remettent plus facilement d’événements stressants »4.
Sens de l’orientation
Une récente étude est venue ajouter un bienfait supplémentaire à ceux cités précédemment5.
Pour sa thèse en psychologie, l’Américaine Vanessa Vieites a recherché « les facteurs qui perturbent les capacités d’orientation des gens dans l’espace » ; et « si les expériences vécues dans l’enfance expliquaient les différences constatées dans la façon qu’ont les hommes et les femmes de se repérer ».
Le résultat de ses travaux6 « laisse penser que les enfants qu’on autorise à se déplacer seuls plus loin de leur domicile sont susceptibles de devenir des adultes plus sûrs d’eux pour se repérer dans l’espace que les autres [...] Les adultes qu’on a autorisés à déambuler seuls sur de longues distances lorsqu’ils étaient enfants ont moins besoin de points de repère pour s’orienter et sont moins inquiets d’avoir à le faire » […]