Sur ce sujet, les mots de Jean-Michel Blanquer, présentant le projet « devoirs faits » sont assez révélateurs : « Ça signifie que des devoirs, il y en a, mais qu'ils ne sont pas faits pour être faits à la maison mais plutôt dans l'établissement, de façon à créer une forme de tranquillité en famille sur ces sujets, à amenuiser les inégalités qui peuvent exister entre les familles et à avoir du temps heureux en famille.1 » Si l’objectif d’amenuiser les inégalités est clair, on peut s’interroger sur celui de « créer une forme de tranquillité en famille » : cela confirme bien, s’il en était besoin, la tension qui existe autour de ce moment… Notre objectif ici est de proposer des pistes pour revenir à l’objectif commun initial : encourager notre enfant à être autonome sur la question des devoirs, et l’accompagner dans cette direction sans heurts si ce n’est pas encore le cas.
À quoi servent les devoirs ?
Peut-être faudrait-il déjà commencer par là. Cette simple question est un débat en soi. Certains n’hésiteront pas à citer la circulaire de 1956 qui bannit théoriquement les devoirs écrits au primaire, jugés inutiles… Mais quelle que soit notre position, si notre enfant rentre à la maison avec des devoirs, il va bien falloir qu’il y fasse face. Or, lorsqu’un enseignant décide de donner des devoirs à ses élèves, il ne le fait certainement pas dans le but de leur nuire. Au contraire. Comprendre les raisons qui soutiennent cette décision sera donc un premier pas important. Et les raisons sont multiples. Les bénéfices attendus pour l’enfant seraient ainsi : le fait de s’approprier la leçon, voir s’il a bien compris, et s'entraîner pour mieux maîtriser les notions abordées ; apprendre à s’organiser dans son travail personnel, compétence qui lui sera bien utile. Et pour l’enseignant : s’assurer une certaine homogénéité dans le groupe, vérifier que les explications ont bien été comprises, ou déceler au contraire un besoin d’approfondissement. Malheureusement, l’adulte - que ce soit l’enseignant ou le parent - se positionne souvent dans une relation verticale, dans laquelle il attend que l’enfant obéisse, même s’il ne sait pas pourquoi. Je vous encourage aujourd’hui à vous poser la question suivante : cette posture est-elle compatible avec le fait d’attendre de l’enfant qu’il prenne la responsabilité de ses devoirs […]