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Contraception masculine : les deux termes sont finalement rarement associés. « Contraception », ce nom féminin porte l’idée qu’elle concerne d’abord les femmes. Pourtant, dans ce domaine, il existe aussi d’autres solutions ! Tout du moins des initiatives… qui sont rarement étudiées jusqu’au bout. Mais pourquoi donc ? Cette question restera en suspens.

En mars 2021 a eu lieu un sommet en ligne sur le sujet de la contraception1 qui a largement fait le tour de la question, sans tabous ni langue de bois. Je vous en résume ici les grandes lignes.

Les méthodes collaboratives

Le bien connu préservatif, qui nécessite pourtant un apprentissage, est le seul à faire double protection : contraceptif et infections sexuellement transmissibles. Pour autant, et bien qu’il soit à notre disposition aujourd’hui, nous entendons régulièrement parler d’accident ou d’inconfort. Marc Pointel, le roi de la capote2, souligne à quel point il est important de trouver le modèle sur mesure qui convient. Sur son site, il propose cinquante-six tailles et cinq matières. Marc Pointel fait le parallèle avec deux tailles de culottes et deux tailles de soutien-gorge pour tout le monde3 ! Il conseille de le sentir, de le goûter : on fait l’amour avec ses cinq sens. Puisque, de toute façon, on ne peut faire autrement que d’utiliser un préservatif pour se protéger des IST, autant maîtriser l’outil. Apprendre à s’en servir en solo permet une utilisation plus confortable et moins stressante lorsque le moment est venu de le partager.

La pratique du retrait consiste à extraire le pénis de la cavité vaginale avant l’éjaculation. Cette méthode contraceptive est un tremplin vers une autre vision de la sexualité que nous avons déjà abordée dans ces pages4. Elle est l’occasion, ensemble, de réinterroger la sexualité conventionnelle et de développer une autre sexualité souvent déconsidérée puisque non-pénétrative5.

La méthode thermique

Au cœur de cette méthode, la chaleur de son propre corps est le principal contributeur. Celle-ci n’est pas contraceptive mais peut être utilisée comme telle puisqu’elle peut modifier le développement des spermatozoïdes. Depuis soixante ans, cette piste est investiguée, non pas dans une visée contraceptive, mais pour augmenter la fertilité. Grâce à un outil de suspension et de maintien, il s’agit de remonter les testicules et de les maintenir en position haute. Il existe des contre-indications : grands sportifs tels que les cyclistes pour lesquels le périnée crée une troisième poche, s’il y a eu torsion testiculaire ou hernie et que les testicules sont figées en position basse. Par le recours à un anneau en silicone6 ou à un slip troué7, cette méthode de remontée testiculaire est réservée aux hommes ayant achevé leur puberté, nécessite une consultation médicale préalable et s’envisage idéalement après avoir effectué une spermatogenèse8. Le protocole médical précise de porter cette contrainte mécanique sept jours sur sept près de quinze heures par jour. Un cycle de trois mois durant lesquels les testicules sont réchauffées est nécessaire pour atteindre un seuil contraceptif. De même, il faudra de nouveau trois mois à température ambiante pour retrouver toute la puissance des spermatozoïdes et être de nouveau fertile. Son efficacité est à vérifier avec un spermogramme9. À la question « Est-ce douloureux ? », Maxime Labrit répond à Gaëlle Baldassari10 que si cette méthode n’a pas été abandonnée, c’est qu’elle n’est pas douloureuse. Gaëlle précise néanmoins qu’au féminin, des méthodes pourtant douloureuses n’ont pas été abandonnées pour autant. Fermons ici la parenthèse. Soulignons que cette méthode n’a aucun impact sur la libido ou les hormones.

La méthode hormonale

Sans testostérone, il n’y a pas ou peu de production de spermatozoïdes mais un réel impact sur les caractères secondaires masculins (voix, masse musculaire, pilosité, tonicité, etc.). La solution envisagée est d’injecter l’information de la testostérone sans pour autant lui donner l’action de la testostérone comme activateur de la spermatogenèse. Ce boost de testostérone a pour conséquence la prise de masse, l’augmentation de la pilosité, l’augmentation de l’excitabilité (constatée chez les body-builders). C’est une méthode réversible, le corps est maintenu dans un bain de testostérone grâce à un implant, une injection intramusculaire hebdomadaire ou de la crème. Ces avancées ont été tuées dans l’œuf puisque les conséquences ont été considérées comme inacceptables (alors qu’elles sont les mêmes que celles de la pilule au féminin. Sans commentaires…). Cette méthode contraceptive est difficilement accessible même si elle est très aboutie. C’est la méthode la plus avancée scientifiquement et la plus prometteuse mais, pour autant, elle n’est toujours pas mise sur le marché et les essais cliniques se poursuivent. Peut-être les hommes ne sont-ils pas prêts à prendre la contraception en main et que, de ce fait, cela ne rapporterait pas suffisamment d’argent d’aller au bout de cette commercialisation.

Une méthode traditionnelle

La gendarusse11 est une plante de Papouasie dont les feuilles, infusées dans de l’eau et à condition de consommer cette infusion quotidiennement, ont une action enzymatique qui perturbe le développement du spermatozoïde. Cette contraception enzymatique est très peu investiguée.

Des méthodes mécaniques à l’étude

Elles agissent comme des barrières mécaniques empêchant le passage des spermatozoïdes. Plusieurs sont à l’étude comme l’obturation des canaux déférents par fils de soie étudiée en Chine dès 1988. Relevons l’ « interrupteur à spermatozoïdes », méthode réversible du nom de Bimek12, actuellement en développement, en recherche de financement. Le Vasagel13 est un gel qui permet de boucher les canaux déférents. Sa réversibilité est prouvée chez le lapin mais des observations d’altération fonctionnelle des spermatozoïdes interrogent. Affaires à suivre.

La vasectomie

Cette méthode peut être considérée comme un moyen de contraception… ou pas, puisque cette ligature des canaux est souvent considérée comme irréversible. « En France, le pourcentage des hommes vasectomisés n’est que de 0,9 % alors que les Anglais sont à 20 % et les Espagnols 10 % !14 ». Le risque de cette technique est une réaction immunologique : les spermatozoïdes au contact du sang sont considérés comme des corps étrangers et sont donc détruits à la production. Cet effet non souhaitable permet d’envisager une contraception basée sur l’immunologie qui serait, elle, réversible (pilule ou injection, pas encore mise au point) comme le souligne Maxime Labrit15.

Des méthodes musculaires

L’anéjaculation ou éjaculation rétrograde consiste à contracter son plancher pelvien pour retenir l’éjaculation. Très plébiscitée dans de nombreuses cultures notamment pour son impact énergétique et spirituel, elle demande elle aussi un apprentissage.
La Silodosine, ou Urorec, un médicament utilisé dans l’hypertrophie de la prostate prescrit depuis quinze ans, dont l’effet secondaire est l’absence d’éjaculation, a donné lieu à des essais à visée contraceptive très concluants en 2019. Cette molécule est à ingérer en fonction de la temporalité (comme le diaphragme au féminin) et demande donc une formation, car elle nécessite de savoir s’en servir pour être efficace.

Cet état des lieux n’est pas exhaustif, d’autres réflexions sont en cours16 mais cependant moins avancées ou accessibles que celles-ci. En résumé, aujourd’hui, trois méthodes de contraception masculine (hors préservatif et retrait) existent : la vasectomie, la contraception hormonale et la contraception thermique. Les hommes semblent de plus en plus prêts à prendre leurs responsabilités. En 2018, 80 % de la contraception des couples étaient de nature féminine. Pourvu que nous arrivions à du 50/50 !


1 Sommet Kiffe ton cycle sur la contraception : https://bit.ly/2LTwtKt
2 https://www.leroidelacapote.com/
3 Marc Pointel : « Le préservatif est essentiel à la survie de l’espère humaine », conférence sommet KTC. https://bit.ly/2LTwtKt 
4 « Le slow sexe », Grandir Autrement numéro 76, « Faire l’amour en conscience », Grandir Autrement numéro 77.
5 Olivier Margeren, coach de vie, éducateur sexuel et sexologue : « La sexualité non-pénétrative », conférence sommet KTC.
6 Maxime Labrit, créateur et développeur de l’andro-switch, activiste de la contraception dite masculine. https://www.thoreme.com/ils-en-parlent.html
7 ARDECOM : Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine http://www.contraceptionmasculine.fr
8 Spermatogenèse : processus de production des spermatozoïdes, qui a lieu dans les tubes séminifères des testicules.
9 Spermogramme : examen médical au cours duquel sont analysées les différentes caractéristiques du sperme.
10 Maxime Labrit : « Andro-switch, découvrir ce dispositif pour les hommes », conférence sommet KTC.
11 https://www.courrierinternational.com/article/2011/03/17/un-contraceptif-masculin-extrait-d-une-plante 
12 http://lemag.therapeutes.com/finie-la-vasectomie-voici-le-bimek-slv/, https://bimek.com 
13 http://www.contraceptionmasculine.fr/wp-content
14 http://www.contraceptionmasculine.fr/wp-content/uploads/2018/11/LETTER22oct18.pdf
15 Maxime Labrit : « Le futur des contraceptions masculines », sommet KTC.
16 https://www.thoreme.com/blog/https-www-thoreme-com-blog-approche-technique/un-autre-regard-sur-la-contraception-masculine.html

Grandir Autrement a accompagné mes premiers pas de maman (et ceux du papa) en 2007, la naissance de chacun de mes 4 enfants, ma vie en Turquie puis en Nouvelle-Zélande ainsi que ma naissance de Femme heureuse au service d’autrui. Educatrice spécialisée titulaire d’un master en psycho-sociologie, mon parcours est jalonné de formations en Naturopathie puis en Médecine Traditionnelle Chinoise, en développement personnel, spirituel et en mémoire cellulaire. Rédactrice depuis 2013, un temps au Conseil d’Administration, je me régale du travail effectué par l’équipe grâce à laquelle j’apprends encore et prends un réel plaisir à partager les sujets qui me tiennent à coeur.

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