En observant les différentes périodes de l’histoire en Occident, on constate que la procréation est fortement liée aux réalités sociales et économiques de l’époque considérée1. Cependant, le contrôle des naissances reste de la responsabilité des femmes. Ainsi, bien que les médecins (très souvent des hommes) se soient peu à peu imposés dans l’intimité féminine ou que les grands groupes pharmaceutiques vantent les mérites de leurs derniers contraceptifs, les femmes ont toujours su garder le contrôle de leur fertilité.Durant la période de l’Antiquité, pour faire face aux nombreux conflits et maintenir une stabilité démographique, les cités grecques imposent de nombreuses obligations à la population : limitation du célibat, dotation des filles pauvres, définition du nombre de fois où le mari doit faire l’amour à sa femme, etc. Ainsi, faire des enfants est un service dû à la cité. Cependant, les Grecs ont des comportements sexuels variés et souvent « récréatifs », d’où des risques de procréation hors mariage alors que seul l’époux peut faire des enfants et perpétuer ainsi la lignée. Afin d’éviter les grossesses, les couples pratiquent majoritairement le coït interrompu. Mais la médecine antique propose beaucoup d’autres moyens : spermicide à base d’huile de cèdre (Aristote préconise d’en enduire le pénis), pessaires2 (déjà utilisé par les Égyptiens) à la menthe ; potion de présure3, basilic et limaille de fer ; suppositoires à l’huile de cèdre, alun, saule, poivre et choux ; talismans à base de saxifrage4.
À partir du 1er siècle après J.C. dans la Rome antique, les femmes s’émancipent, on observe ainsi la libération sexuelle de la femme et la fin de la domination masculine. La contraception, de la responsabilité des femmes, relève alors plus souvent de remèdes de « bonne femme ». Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, indique : « découper une phalange, sorte d’araignée velue, à tête fort grosse, à l’intérieur de laquelle on trouve deux petits vers qui, placés sur la femme, dans de la peau de cerf, avant le lever du soleil, l’[la femme] empêchent de concevoir5 ». Très souvent, les préparations ont un caractère magique, s’apparentant à la sorcellerie ou au mythe, même si on utilise beaucoup les plantes médicinales.
Le Moyen Âge sous contrôle de l’Église
À cette époque, l’Église contrôle le mariage qui n’a de fin que la procréation. Elle condamne la contraception, l’avortement, l’infanticide et l’abandon d’enfants (sauf pour les femmes jeunes ou affaiblies qui peuvent alors éviter les grossesses), et elle impose de nombreuses périodes d’abstinence (pendant le Carême, les règles, la grossesse, avant et après les fêtes...).
Néanmoins, seules responsables du contrôle des naissances, les femmes utilisent régulièrement contraceptifs et moyens d’avortement : décoctions de plantes vénéneuses et utilisation d’éponges. Le coït interrompu se développe largement, bien que celui-ci soit condamné par […]
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