© Nicolas Gay
Malgré le retour de l’allaitement en France depuis une décennie, notre société est encore fortement marquée par la prédominance du biberon et du lait industriel. Les publicités délivrent des messages subliminaux qui garantissent la qualité des préparations lactées comme équivalentes au lait maternel, afin de rassurer les mères qui hésiteraient encore à choisir de donner le sein plutôt que de donner le biberon. Face à ce matraquage des images et des slogans, peu de nouvelles mères ont vu des bébés allaités « en chair et en os » avant d’accoucher. Sans apprentissage ni possibilité d’imitation ou d’identification, la nouvelle mère a besoin de se préparer en amont à allaiter son bébé. Donner le sein n’est pas du tout aussi naturel ni instinctif que cela. Voyons ensemble la nécessité de s’y préparer.

Les jeunes mères sont conditionnées par leur entourage, par les magazines et par la télévision à se projeter avec un bébé dans un transat, tétine en bouche et biberon à portée de main. Comment s’étonner alors que tant de femmes hésitent à oser l’aventure de l’allaitement tant elles entendent les difficultés, les douleurs et les soucis des histoires d’allaitement des femmes de leur entourage ? Que tant de femmes se demandent si elles vont réussir à donner le sein ? Que tant de femmes disent qu’elles « verront » ou qu’elles « vont essayer » ?1 Comme si réussir son allaitement n’était pas possible pour toutes les mères qui l’ont choisi. Ce qui reviendrait alors à considérer que réussir son projet d’allaitement serait une loterie - attitude fataliste à souhait ! On peut alors se demander quel est le secret des mères qui mènent leur projet à terme : c’est une préparation de qualité accompagnée de détermination et de patience lorsque le bébé est là.

La préparation du corps est inutile

Que la mère soit norvégienne ou française, son corps se prépare naturellement et automatiquement à l’allaitement tout au long de la grossesse, qu’elle ait décidé ou non d’allaiter : les seins augmentent de volume, l’aréole prend une couleur plus foncée, les mamelons changent d’aspect et, en cours de grossesse, du colostrum commence à être produit et à s’écouler parfois. Tous les experts s’accordent à dire qu’il est inutile de préparer les seins en prévention de l’allaitement : les crèmes et les préparations appliquées avant les réelles mises au sein ne changeront rien aux éventuelles crevasses et douleurs lorsque le bébé tètera.2 Inutile aussi d’« endurcir » les seins en les frottant ou en les massant à outrance avec des crèmes ou des huiles, ni même de les « étirer entre deux pierres chaudes pour les allonger comme une calebasse3 » comme au Burkina Faso. Inutile donc de prévenir les catastrophes en « habituant » les seins au préalable. Il sera en revanche bien plus utile de comprendre la cause de ces douleurs si elles apparaissent au démarrage de l’allaitement ou plus […]

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