© Sophie Elusse

Cela fait si longtemps que nous vivons sans frigo que, pour tout vous dire, j’en ai même oublié l’utilité… Parfois je jette un coup d’œil dans celui de mes amis et ça me rappelle une époque bien révolue. Ne pas avoir de frigo en 2019, même en vivant en Ardèche, est pour la plupart des gens une drôle d’idée, voire une folie ! Et pourtant ça nous est arrivé de la manière la plus simple qui soit… nous n’avions plus rien à mettre dedans !

Lorsque nous avons cessé de manger de la viande, notre réfrigérateur s’est senti déjà au large mais une fois les produits laitiers sortis de nos habitudes alimentaires, alors là, ce fut un grand vide… Et puis finalement, constatant que les fruits et les légumes se portent bien mieux à température ambiante (surtout si on laisse leur terre au pied ou leur sable pour les carottes), que le fromage y gagne en saveur et que les restes du repas tiendraient bien jusqu’à demain sur un rebord de la fenêtre, nous avons opté pour quelques centimètres carrés supplémentaires et quelques ondes électromagnétiques en moins, en renonçant définitivement à cette fraîche compagnie.

C’est bon pour la santé !

En abandonnant le frigo nous avons redécouvert le goût de certains aliments car manger froid inhibe les saveurs. Celui-ci a également un impact négatif sur la santé car même une fois passée l’étape de la bouche et des dents qui n’aiment pas beaucoup le froid, dans le corps une énergie énorme est monopolisée pour réchauffer la nourriture afin de retrouver un équilibre à 37 °C. D’après la diététique chinoise, les aliments devraient n’être consommés qu’à la température du corps afin de ne pas épuiser notre énergie vitale en régulant outre mesure cette dernière. De plus, pour la médecine traditionnelle chinoise ou MTC, le frigo est à bannir car il propose comme seul avantage de conserver longtemps les aliments sans pour autant rallonger leur durée de vitalité appelée le Jing1. Cette vitalité, qui correspond à la fraîcheur et non à la froideur des aliments, est essentielle à notre acquisition de force et d’énergie vitale. En outre, bien souvent le frigo nous incite à conserver des restes, des restes de restes, etc., qui finissent fréquemment par moisir, provoquant alors un répétitif gaspillage. En diététique chinoise, on invite à manger des produits frais en permanence, le frigo n’a donc plus aucune utilité. De plus, le réfrigérateur est un milieu humide. En MTC, l’humidité est un des six climats (avec le vent, la chaleur de l’été, le froid, la chaleur-feu et la sécheresse) qui peut être à l’origine de désordres énergétiques. Cela se produit par des sources externes ou internes. La présence d’humidité dans le corps peut donc avoir une origine liée à l’alimentation. L’humidité du frigo se transmet aux aliments et a alors un impact sur notre état de santé. En MTC, c’est la rate qui a en charge cette fonction principale. Lorsque la rate est déficiente en énergie, le corps entier s’en trouve déséquilibré.

Cuisiner frais

Chez nous, nous avons pris l’habitude de ne pas laisser de restes ou du moins de les consommer au maximum d’un repas sur l’autre. Cela a l’avantage d’éviter le gaspillage. J’avoue que j’ai la chance d’avoir un jardin pour garde-manger et de me servir au potager comme au marché. Je cueille et je cuisine… Mais pour ceux qui n’ont pas de légumes extra frais à portée de main, une pièce à température constante fera l’affaire. Si vous avez une cave ou un garage, c’est parfait. En hiver, un coin de fenêtre ou un placard dehors seront tout aussi appropriés. Il est vrai que pour les mangeurs de viande et les fans de yaourt, la vie sans frigo est plus compliquée. Cela implique de faire des courses plus souvent et il faudra alors acheter et consommer dans la foulée. Cependant, il existe une alternative écologique et économique au réfrigérateur, c’est le frigo du désert. Cette méthode de conservation est très simple, à la portée de tous et permet de conserver des aliments au frais (voir encadré).

C’est la fête !

Chez nous, le partage des repas est un vrai moment de plaisir et de convivialité. Je cuisine beaucoup, mon mari aussi et nos loulous mettent facilement la main à la pâte. Comme nous ne stockons pas de produits « frais »,  quand on a un truc à fêter (et ça nous arrive régulièrement), on passe dans notre magasin bio préféré et on achète quelque chose d’exceptionnel : yaourt au chocolat pour un dessert spécial, plaquette de beurre pour un petit déjeuner pas comme les autres, glace pour un goûter surprise, fromage pour un gratin qui change, etc. Chaque repas est une fête et quand bien même notre régime de base fait partie de notre équilibre et de notre bonne santé, on apprécie aussi l’exception qui confirme la règle.

Impact sur la planète

Il n’y a pas de petit geste et même si un frigo en moins ne changera pas la face du monde, c’est toujours ça de pris… Et puis finalement, ce mode de vie nous pousse à manger des produits frais de bonne qualité et tend vers un régime diététique plus végane, sain et respectueux de l’environnement. En définitive, si on fait l’inventaire des aliments contenus dans nos réfrigérateurs, que reste-t-il vraiment qui ne pourrait pas être conservé ailleurs ? Je ne dis pas que c’est facile pour tous et à grande échelle, comme dans les cantines et autres collectivités, mais ça vaut peut-être le coup d’y réfléchir.

Fabriquer son frigo du désert

© Jenny Balmefrézol-Durand

Cela vous coûtera moins de 10 euros, voire rien si vous faites appel à la récup’.
Munissez-vous de deux pots en terre cuite non vernis (un gros et un plus petit). L’idéal est 40 cm de diamètre intérieur pour le gros, 25 cm pour le petit. Et 40 cm de hauteur pour le gros pot. Les pots ne doivent pas être vernis car cela empêche l’évaporation. Il vous faudra également du sable, de l’eau et un morceau de tissu.
Bouchez les trous des pots, s’il y en a, à l’aide d’argile ou de bouchons en liège.
Remplissez la base du grand pot avec du sable (environ 5 cm).
Placez le petit pot dessus. Bien l’installer afin qu’il soit à la même hauteur que le gros pot.
Disposez le sable entre les deux pots en tassant bien. Le haut du sable doit être environ 2 cm plus bas que le haut du pot inférieur. Cela permettra d’arroser le sable deux fois par jour sans risquer de mouiller le pot intérieur.
Nettoyez le pot intérieur.
Versez de l’eau froide sur le sable, en donnant à l’eau le temps de s’infiltrer dans ce dernier et dans la terre cuite qui compose le pot. Faire en sorte que le sable soit complètement imbibé et qu’il ne soit plus possible qu’il absorbe plus d’eau.
Placez un chiffon, une serviette ou un torchon trempé d’eau sur le dessus des pots. Vous pouvez aussi utiliser un couvercle à la bonne taille.
Laissez « refroidir » quelques heures avant d’y entreposer vos fruits et légumes.
Il est nécessaire de stocker le frigo du désert dans un endroit sec et aéré, afin que l’eau puisse s’évaporer efficacement.


Voir l’article « Le Qi et le Jing des aliments »

Ardéchoise d'adoption, j'habite avec ma famille en pleine nature dans une petite ferme traditionnelle. Je suis une Maman-Passion de trois enfants. Je vis un quotidien passionnant et rebondissant entre le travail à la ferme (agriculture biologique, permaculture), l'instruction en famille en unschooling, mon activité de doula, énergéticienne, d'art-thérapeute et l'écriture. Notre ferme est un lieu de vie et d'expérience où le projet est de relancer des savoir-faire ancestraux et vivriers dans le but d'une acquisition d'autonomie et de partage. Nous nous intégrons dans un réseau solidaire de nombreuse familles ardéchoise que se soit pour la paysannerie, la parentalité bienveillante ou l'IEF. Nous militons au quotidien par notre mode vie, nous sommes engagés pour un « mieux vivre » et ensemble de préférence!

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