
- Article issu du numéro 92 – Nature, terre de jeux
« Et si on s’accordait un peu de temps pour retrouver le lien qui nous unit à la nature ? Prenons le temps d’observer ce qui nous entoure. Il suffit de peu de choses pour retrouver la sérénité : le chant des oiseaux, l’odeur du sous-bois, la texture des écorces, les couleurs d’une feuille morte1. » Telle est l’invitation que Julien Arbez, photographe-interprète, mais aussi éducateur à l’environnement par la photographie, propose (entre autres) aux enfants sous la forme de reportages nature. L’occasion pour Grandir Autrement d’échanger pour en savoir plus sur la façon dont il partage sa passion et parle de la nature aux enfants.
Je vous emmène dans le massif jurassien, à la frontière entre la France et la Suisse, au cœur d’immenses espaces préservés où la nature a toute sa place. C’est ici, dans les forêts d’altitude, que Julien Arbez aime se fondre dans le paysage (avec près de vingt-cinq heures d’affût par semaine !) pour immortaliser un lynx, un grand tétras ou une chouette des montagnes.
- Grandir Autrement : Vous proposez des ateliers nature aux enfants, aux scolaires et aux familles. Quelle est votre démarche ?
Julien Arbez : La photographie a cette force de savoir réunir l’homme et la nature. Je l’envisage comme une belle porte d’entrée pour accéder au monde qui nous entoure, et comme un outil de médiation hyper-adaptable pour initier les enfants à la nature. Je leur distribue des appareils photo numériques, avec la responsabilité que cela implique, si bien que je n’ai souvent pas besoin de leur demander d’y faire attention ni de les motiver. L’engouement est instantané et les enfants n’ont plus qu’une envie : aller faire des photos !
- Et ensuite, c’est la sortie nature ?
Je leur montre rapidement comment utiliser les fonctions de base de l’appareil (mise au point, cadrage, zoom), puis on part effectivement photographier la nature. Dans ma vie d’avant, j’étais animateur nature et je trouvais que les enfants passaient beaucoup de temps à écouter, à se passer des objets et qu’ils devaient rester longtemps attentifs et silencieux. Dans mes sorties, j’essaie de leur proposer l’inverse : je les laisse libres de photographier ce qu’ils veulent. Je sais par expérience qu’un élément de la nature va piquer leur curiosité et qu’ils auront des questions. Et que j’aurai toute leur attention, car mes explications seront en lien avec leur photo qu’ils vont peut-être conserver précieusement, et longtemps.
- Qu’est-ce qui retient leur attention, justement ?
On observe ce que j’appelle la biodiversité ordinaire : fourmis, araignées, vers de terre, sauterelles, papillons pour la […]