
- Article issu du numéro 90 – La valse des saisons
Jamais je n’interdirai à mes enfants d’écouter quoi que ce soit. La musique confère des émotions d’une intensité et d’une diversité propres à chacun.e. Elle donne envie de jouer, de chanter et de danser, et sublime nombre de films sur grand écran. Je ressens malgré tout le besoin de sensibiliser mes filles au pouvoir des mots, en l’occurrence lorsqu’ils sont peu flatteurs à l’égard des femmes. On peut tout écouter, dans la mesure où on le fait en conscience.
De tout temps
Les chansons qui s’appuient sur des stéréotypes populaires pour dénigrer la femme sont légion dans la variété française comme internationale, même au sein des plus grands groupes. Aucun style musical n’est épargné. Celles chantées par des hommes ont tendance à infantiliser, à sexualiser ou à exhiber la femme comme un objet. Les artistes féminines, quant à elles, sont surtout confrontées au sexisme ordinaire, avec des insinuations et une accumulation de remarques qui sapent la confiance en soi et découragent les talents.
Hypersexualisation
Pour réussir dans le monde de la musique, être une bonne chanteuse ou une bonne musicienne ne suffit pas toujours. Il est aussi préférable d’être ultra-féminine. « Comme Shakira qui chante en culotte ? », commente l’une de mes filles. Tout dépend du message que l’on veut transmettre : s’agit-il de faire l’objet de tous les fantasmes masculins (mais depuis quand être féminine se limite-t-il à être dénudée ?) ou de défendre quelque chose de plus profond ? Certaines artistes ont utilisé la provocation pour repousser les limites de la place de la femme sur l’échiquier musical mondial2, d’autres ont choisi de s’adapter pour ne plus être jugées sur leur physique3.
Ça bouge
Dans la lignée du mouvement de libération de la parole #MeToo, le secteur de la musique connaît lui aussi une révolution avec des artistes qui s’expriment sur les dérives sexistes du milieu et s’engagent pour le respect de la femme4. Sexisme, misogynie, harcèlement, discriminations, vulgarité, violences sexuelles, grossophobie, etc., plus aucun sujet n’est […]