Cric, crac, croc, laissez-moi vous raconter mon anecdote.
Par une belle matinée d’automne, aux rayons de soleil somme toute assez puissants pour se passer de manteau, et après consultation de la météo, nous décidons, mes enfants, mon mari et moi, de nous balader à travers bois.
Durant le trajet, le ciel s’assombrit, nous restons cependant confiants, avec l’envie certaine de profiter de notre pique-nique bucolique. Arrivés à destination, nos enfants manifestent leur mécontentement ; ils ont froid et meurent de faim. Nous leur conseillons de courir, le temps d’installer la nappe et nos agapes. Mon mari ouvre le sac dans lequel se répand une bonne vinaigrette et, tandis que je débouche la bouteille de vin, je lui tends de quoi essuyer. Mon verre, posé en équilibre sur mes genoux, bascule, m'éclaboussant au passage. Nous nous esclaffons devant nos prouesses jongleresques. Les enfants reviennent – preuve qu’ils ne sont pas morts de faim – quand l’un dit : « tiens, une goutte », suivi d’un : « tiens, une grosse goutte ». Ni une ni deux, les affaires remises dans le sac, mon mari nous improvise une toile de tente avec la nappe – il faut toujours en avoir une dans son sac ou être bien accompagné. La pluie et le vent battent leur plein, nos pieds sont trempés et pourtant, personne ne râle. Au contraire, nous nous amusons de la situation. Fut un temps, pas si lointain, où l’un de nous aurait dit « Nan, mais franchement, qui a eu cette idée à la... », ce qui n’aurait eu pour seul résultat que de plomber l’atmosphère.
Cette anecdote n’a pas pour but de culpabiliser les râleurs mais d’essayer, par le prisme du rire, de changer son regard. Vous me direz : « Elle est bien bonne la blague ! Toutes les situations ne prêtent pas à rire ! ». J’en conviens, on ne ressent pas de prime abord l’envie de rire face à des événements dramatiques ; sentiment d’injustice et colère sont des émotions couramment ressenties dans ces circonstances. Ce sont, d’ailleurs, des émotions saines. Mais supposons que l’on puisse, par le biais du lâcher-prise et du second degré, trouver la force d’en rire. « Essayer, c’est l’adopter », comme on dit. Alors rions, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie,
pas du tout !
Éducation à l’humour
Avouons-le, il est parfois difficile de rire ensemble ! Ce qui peut passer pour un trait d’esprit pour l’un peut être perçu comme une agression pour l’autre. Et celui qui ne rit pas risque de se faire taxer de rabat-joie. Tout le monde n’a pas la même définition de l’humour, et ce, parfois au sein d’une même famille. Si l’enfant en bas âge rit facilement d’une pitrerie ou d’une chatouille, il ne maîtrise pas encore les codes humoristiques. Bien qu’il apprécie le comique de situation (le clown qui tombe de sa […]
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