
- Article issu du numéro 92 – Nature, terre de jeux
En tant que parent, il m’a semblé important de parler nature avec fantaisie, légèreté, enthousiasme. Bref, de parler de la nature comme elle sait l’être.
Formée à l’environnement, je dois avouer qu’entendre parler de nature et d’écologie sur le seul mode « on est tous fichus » a fini par me lasser. Ras-le-bol d’une femme et questionnement de parent : comment nos enfants reçoivent tous ces messages anxiogènes ? Et de façon toute pragmatique, qu’est-ce que cela amène ? De la peur, de l’envie ? Préserver la nature, oui, mais pas au prix des sourires, surtout pas de ceux de nos enfants.
Élément de réflexion
Je me rappelle un échange lors d’un atelier (de communication non-violente d’ailleurs), où il était question des relations parent-enfant.
Une mère en vient à une réflexion qui m’aura marquée, fort. « J’en ai marre, réagit-elle à un moment de la soirée, de voir nos/les enfants désignés comme cibles de tous les messages », ceux publicitaires – on ne peut que trop le regretter –, mais ceux aussi plus « institutionnels », plus neutres. Avec quelques expériences (d’animatrice et d’élue locale), me revenaient en tête ces campagnes de communication menées, avec l’enfant pour cible – cela était presque systématique d’ailleurs. Qu’il s’agisse du tri des déchets, ou de manger mieux ou bio, l’enfant était le « levier » sur lequel s’appuyer pour faire bouger les lignes. « Je crois, avait poursuivi cette mère, que l’adulte a des responsabilités. On et il doit les prendre. S’agissant des messages à passer, il faut savoir s’adresser à l’adulte. »
Eh bien, j’ai trouvé son propos simple, salvateur. Non, l’enfant ne peut être la cible de tous les messages, il ne peut pas être « parentalisé » à l’excès.
Ce qui m’a amenée, inversement, à me dire que le parent a pour responsabilité même d’offrir à l’enfant un monde d’enfant, fait d’insouciance, de jeux, de joies, petites et simples – sans mièvrerie mais parce que cela participe sûrement à sa construction.
Tout cela aura conforté mes projets d’alors, à savoir écrire des livres nature, faisant la part belle à la poésie : celle des images, tout simplement, et celle des mots quand ils s’invitent.
Entre-temps, peut-être faut-il le préciser, j’avais fait le choix de devenir paysanne. Et sur ma ferme, que n’avais-je pas découvert ? Eh bien, un spot photo inépuisable, moi, la passionnée de clichés. Là, j’ai (ré)appris la joie des crapahutages à quatre pattes, (re)découvert des univers sublimes, sauvages. Là, j’ai vraiment appris à aimer la […]