© Jenny Balmefrézol-Durand

À l’heure où le corps féminin est encore un sujet polémique, cette fois à l’école, puisque certaines tenues sont jugées inadéquates ou « non républicaines1 », le buste de la Marianne dénudée nous inspire le sujet de cet article. Parlons de ces seins que nous ne saurions voir (ou montrer), que nous enfermons sans y penser dans un soutien-gorge toute la journée. Interrogeons cette pratique culturelle que nous nous sommes appropriée sans conscience pour faire un choix en toute conscience cette fois.

Pour préparer cet article, j’ai tapé dans un moteur de recherche « pourquoi porter des soutiens-gorge ». Sur les dix premières entrées, deux indiquent la nécessité de porter un soutien-gorge de sport (mais ce sont des sites marchands qui vendent ces articles). Les autres liens interrogent. On trouve : « Cinq raisons pour porter un soutien-gorge ? » ; « Sans soutif ! 5 raisons de ne pas porter de soutien-gorge » ; « Polémique : faut-il arrêter de porter des soutiens-gorge ? »… Et un panel de vidéos de témoignages : « Un an sans porter de soutien-gorge, le bilan » ; « Trois ans sans soutien-gorge : mon expérience » ; « Pourquoi je ne porte pas de soutien-gorge »2, etc.
Tout est à disposition pour vous faire votre propre opinion. Si vous me lisez régulièrement dans ces pages, ce qui m’intéresse, vous le savez maintenant, ce sont les maux du corps et ce qu’ils disent de l’écart entre votre réalité et ce que vous souhaitez vivre. Le soutien-gorge se situe parfaitement là : entre la réalité (du regard porté sur vous, de la nécessité de se conformer aux attentes de la société, de vous protéger) et votre désir de vie (être une femme libre, confiante, sauvage, accomplie… que sais-je !).

Des bienfaits non prouvés

En termes purement physiologiques, les bienfaits du port du soutien-gorge n’ont pas été prouvés. Les études du Professeur Rouillon vont dans ce sens3, même s’il note qu’en cas de surpoids associé à plusieurs maternités, le soutien-gorge peut améliorer le confort de celle qui le porte.
On trouve ici et là des informations sur le poids des seins et les conséquences sur le dos mais c’est sans compter sur le fait que les muscles du dos se développent en fonction du poids des seins. Après cinq grossesses, quatre accouchements, quatre allaitements plutôt longs, l’arrêt du soutien-gorge a permis à ma poitrine de remonter de quelques centimètres dès la première année – et je ne suis apparemment pas un cas unique. En voici l’explication4 :
« La poitrine est composée de ce qu’on appelle “les ligaments de Cooper”, des ligaments qui conservent les seins dans une sorte de “filet suspenseur”, c’est-à-dire : une sorte de soutien-gorge naturel. Malheureusement, celui-ci, s’il n’est pas utilisé, s’atrophie. Alors que si ces ligaments sont stimulés par la pesanteur, ils se renforcent et améliorent l’élasticité des tissus. » Et de préciser : « En Scandinavie, 95 % des femmes n’en portent pas au quotidien, pour des raisons de confort, et parce que socialement, rien ne les y contraint. »

Du maintien à l’étranglement

Les marques rouges sur le dos ou les épaules laissées par le soutien-gorge vous informent sur la pression forte exercée sur vos tissus, sur votre peau. Comment vos cellules peuvent-elles alors être nourries correctement, évacuer leurs déchets ? Sans se lancer dans un cours de biologie, disons que le principal problème, c’est la compression de la lymphe. Et celle-ci n’est pas sans conséquences5 : kystes, cancers, fibromes… Certains médecins s’interrogent. Qui n’a pas ressenti de soulagement en retirant son soutien-gorge à la fin de la journée ? La question de la respiration se pose aussi (même si aujourd’hui, avec le port du masque, le soutien-gorge devient presque un détail tant notre respiration est limitée de fait).

Des bienfaits psychologiques

Il ne s’agit pas de vous démontrer qu’il est plus que nécessaire de brûler votre soutien-gorge en ajoutant des arguments supplémentaires liés à l’allaitement6, à l’histoire du port du soutien-gorge en France en comparaison avec les autres pays, au poids des injonctions culturelles ou autres bénéfices à lâcher le soutif, mais de vous inviter à le choisir en conscience (et sans armatures). D’un point de vue psychologique, pour certaines d’entre nous, le soutien-gorge est un élément important. Il nous protège du regard et du jugement des autres, du regard et du jugement qu’on interprète, nous, à partir de nos croyances, de nos expériences. Il nous permet de rentrer dans la norme : des seins qui se balancent sous le tee-shirt se font remarquer, des seins figés – bien accrochés – à « bonne » hauteur permettent, eux, de passer inaperçus. Certaines peuvent l’utiliser de manière stratégique, comme un uniforme pour aller travailler et ne pas le porter dans le privé. Dans tous les cas, notre rapport à nos seins nous donne des éléments sur notre perception de nous-même.

Les seins, métaphore et réalité énergétique

Comme l’écrit Jacques Martel dans son Grand dictionnaire des malaises et des maladies, « Les seins représentent la conscience de qui je suis et ma générosité envers moi-même et les autres. Ils sont le symbole de la beauté maternelle. Selon leur condition, je peux voir l’équilibre qui existe dans ma vie entre donner et recevoir, entre mes côtés féminin et masculin […], ma vie affective et mon côté rationnel7 ». Est-ce que cette vision de vos seins vous inspire ? Dans un précédent article8, l’importance de prendre soin de ses seins pour profiter d’une sexualité nourrissante et lutter contre les troubles de la libido a été soulignée. Parce que les seins sont une porte d’entrée énergétique, un pôle positif nécessairement activé si vous voulez que votre pôle négatif, votre sexe, s’ouvre et que votre énergie sexuelle circule. Sentir ses seins présente donc des bénéfices… que le soutien-gorge ne permet pas.

Les seins et nous

Nos seins : conscience de ce que nous sommes, de notre générosité envers nous-même et les autres. Nos seins : révélateurs de notre équilibre donner-recevoir, féminin-masculin, vie affective-côté rationnel… Nos seins : instruments politiques aussi…
Je vous invite donc à mettre de la conscience dans ce que vous faites et en particulier dans votre posture.
Ce terme est intéressant. On se tient différemment sans soutien-gorge, on s’affirme différemment aussi. On se redresse. Ce que je vous propose aujourd’hui, c’est de vous aimer telle que vous êtes, avec la poitrine que vous avez, de vous accepter : laissez-la prendre la place qui est la sienne, autorisez-vous à prendre la place qui est la vôtre ! Et c’est possible si on ne cherche pas à correspondre à des modèles. Il y a des moments où c’est confortable un soutien-gorge : des phases du cycle menstruel, des entraînements sportifs. Ne soyez pas radicale, faites en fonction de vous, de vos besoins personnels. Ce changement d’habitude nécessite un temps d’adaptation pour vos tissus aussi. Suivant la taille de votre poitrine, elle peut vous sembler lourde au départ. Évitez les baleines, passez aux brassières et gardez les « push-up » pour les grandes occasions. Oubliez le soutif à la maison pour commencer, par exemple ; utilisez la superposition des vêtements pour respecter votre pudeur. Bref, si vous vous sentez mieux sans soutien-gorge, n’hésitez pas.


1 Élèves : « tenue républicaine » exigée ? https://www.franceculture.fr/emissions/etre-et-savoir/etre-et-savoir-le-magazine-de-leducation-du-lundi-28-septembre-2020 
2 Je ne cite volontairement pas les liens de ces articles puisque je me suis arrêtée aux titres et ne peux donc pas les recommander.
3 https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2013/04/11/le-soutien-gorge-serait-il-inutile_3158156_4497319.html 
4 https://www.consoglobe.com/5-raisons-de-ne-pas-porter-de-soutien-gorge-cg
5 https://www.alternativesante.fr/cancer/soutien-gorge-et-cancer-du-sein-retour-sur-une-polemique
6 https://grandirautrement.com/soutien-gorge-dallaitement-en-avoir-ou-pas 
7 Le Grand dictionnaire des malaises et des maladies, Jacques Martel, Éditions Quintessence (2007).
8 « Faire l’amour en conscience », Grandir Autrement numéro 77.

Grandir Autrement a accompagné mes premiers pas de maman (et ceux du papa) en 2007, la naissance de chacun de mes 4 enfants, ma vie en Turquie puis en Nouvelle-Zélande ainsi que ma naissance de Femme heureuse au service d’autrui. Educatrice spécialisée titulaire d’un master en psycho-sociologie, mon parcours est jalonné de formations en Naturopathie puis en Médecine Traditionnelle Chinoise, en développement personnel, spirituel et en mémoire cellulaire. Rédactrice depuis 2013, un temps au Conseil d’Administration, je me régale du travail effectué par l’équipe grâce à laquelle j’apprends encore et prends un réel plaisir à partager les sujets qui me tiennent à coeur.

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