La problématique que soulève la question de l’argent de poche est tout simplement l’argent en lui-même, mais également notre rapport aux enfants. On considère souvent l’argent de poche comme une somme fixe donnée régulièrement, pour autant les témoignages montrent que beaucoup de jeunes reçoivent ou ont reçu de l’argent de manière occasionnelle. La question est-elle donc de donner régulièrement ou de donner tout court ?Si certains sont contre, il semble que peu de parents ne donnent rien du tout. Au « pire », les parents accompagnent les enfants dans leurs achats, c’est-à-dire que plutôt que de donner de l’argent pour que les enfants achètent eux-mêmes ce qu’ils souhaitent, ils paient ce que leurs enfants leur demandent d’acheter.
Pour ou contre ?
Sarah est contre : « Je ne souhaite pas en donner à mes enfants. J’en ai donné à mon aîné, enfin c’était ma mère qui lui donnait. Je ne supportais pas d’entendre un enfant réclamer son dû contre rien. J’ai voulu arrêter et ne pas du tout le faire pour les trois autres enfants. Je leur paie leurs vêtements et leur donne des sous s’ils sortent, mais je ne donne pas d’argent de poche. L’argent, ça se gagne. Et je veux que mes enfants aient la valeur de l’argent et ne soient pas des matérialistes. Je refuse également de les payer pour des services rendus, on est une famille, une communauté. Chacun aide. Chacun fait sa part et donne de son temps. »
Léticia est catégoriquement contre, pensant que si elle en avait eu enfant, elle aurait fait « comme tout le monde » en consommant tabac, alcool ou autre drogue.
Gaëtane a eu de l’argent de poche petite, d’abord une toute petite somme par semaine, puis une somme plus importante par mois, qui a augmenté avec l’âge : « J’en ai un bon souvenir, ça nous donnait de l’autonomie. Je pense en faire autant avec mes enfants quand ils seront plus grands. »
Cindie n’en a pas reçu de manière fixe et régulière : « Quand j’en avais besoin pour un cinéma avec les copains suivi d’un Mac Do ou d’un kebab en ville, mes parents me donnaient de l’argent et j’avais plus que ce qu’il fallait ; et si j’avais besoin d’un livre, d’une cassette ou d’une VHS, je l’avais aussi, mais on allait acheter ensemble ce dont j’avais envie. Je n’ai jamais vu l’utilité d’en avoir pour moi-même et n’en ai pas donné à ma fille de presque 15 ans, mais discutais avec elle si elle voulait quelque chose et je pense faire de même avec son petit frère. »
Quid des jeunes qui se satisfont de peu et d’autres qui aimeraient s’acheter énormément de choses, dont des objets qui valent assez cher ? Serait-ce l’intérêt de donner une somme fixe de manière à ce que les jeunes expérimentent la gestion de budget, dépensent au fil des semaines pour de petits plaisirs ou bien plutôt « économisent » pour pouvoir se payer des objets de plus grande valeur monétaire […]
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