© Jenny Balmefrézol-Durand
La problématique que soulève la question de l’argent de poche est tout simplement l’argent en lui-même, mais également notre rapport aux enfants. On considère souvent l’argent de poche comme une somme fixe donnée régulièrement, pour autant les témoignages montrent que beaucoup de jeunes reçoivent ou ont reçu de l’argent de manière occasionnelle. La question est-elle donc de donner régulièrement ou de donner tout court ? Si certains sont contre, il semble que peu de parents ne donnent rien du tout. Au « pire », les parents accompagnent les enfants dans leurs achats, c’est-à-dire que plutôt que de donner de l’argent pour que les enfants achètent eux-mêmes ce qu’ils souhaitent, ils paient ce que leurs enfants leur demandent d’acheter.

Pour ou contre ?

Sarah est contre : « Je ne souhaite pas en donner à mes enfants. J’en ai donné à mon aîné, enfin c’était ma mère qui lui donnait. Je ne supportais pas d’entendre un enfant réclamer son dû contre rien. J’ai voulu arrêter et ne pas du tout le faire pour les trois autres enfants. Je leur paie leurs vêtements et leur donne des sous s’ils sortent, mais je ne donne pas d’argent de poche. L’argent, ça se gagne. Et je veux que mes enfants aient la valeur de l’argent et ne soient pas des matérialistes. Je refuse également de les payer pour des services rendus, on est une famille, une communauté. Chacun aide. Chacun fait sa part et donne de son temps. » Léticia est catégoriquement contre, pensant que si elle en avait eu enfant, elle aurait fait « comme tout le monde » en consommant tabac, alcool ou autre drogue. Gaëtane a eu de l’argent de poche petite, d’abord une toute petite somme par semaine, puis une somme plus importante par mois, qui a augmenté avec l’âge : « J’en ai un bon souvenir, ça nous donnait de l’autonomie. Je pense en faire autant avec mes enfants quand ils seront plus grands. » Cindie n’en a pas reçu de manière fixe et régulière : « Quand j’en avais besoin pour un cinéma avec les copains suivi d’un Mac Do ou d’un kebab en ville, mes parents me donnaient de l’argent et j’avais plus que ce qu’il fallait ; et si j’avais besoin d’un livre, d’une cassette ou d’une VHS, je l’avais aussi, mais on allait acheter ensemble ce dont j’avais envie. Je n’ai jamais vu l’utilité d’en avoir pour moi-même et n’en ai pas donné à ma fille de presque 15 ans, mais discutais avec elle si elle voulait quelque chose et je pense faire de même avec son petit frère. » Quid des jeunes qui se satisfont de peu et d’autres qui aimeraient s’acheter énormément de choses, dont des objets qui valent assez cher ? Serait-ce l’intérêt de donner une somme fixe de manière à ce que les jeunes expérimentent la gestion de budget, dépensent au fil des semaines pour de petits plaisirs ou bien plutôt « économisent » pour pouvoir se payer des objets de plus grande valeur monétaire […]
La suite de cet article est réservée aux abonné·e·s.
Mélissa Plavis Je suis maman de quatre enfants : Liam et Lissandro, des jumeaux (2006), Alawn (2009) et Elyssan (2012). Mes enfants "grandissent autrement" depuis leur naissance. J’ai vécu avec eux quelques expériences dont il question dans Grandir Autrement : césarienne, AVAC, accouchements à domicile, allaitement long, de jumeaux, co-allaitement, communication sur les besoins d'élimination (HNI), instruction en famille, unschooling. Et j’en ai vécu d’autres pour moi-même : connaissance de sa fécondité, contraception naturelle, flux libre instinctif, etc. Selon moi toutes ces pratiques sont reliées et ont un lien direct avec l'écologie. Je m'intéresse aux alternatives écologiques dans tous les domaines et en particulier sur les questions de parentage proximal, de parentalité écologique et d’écoféminité. Je suis auteure d’un ouvrage intitulé Apprendre par soi-même, avec les autres, dans le monde. L’expérience du unschooling, publié aux Éditions Le Hêtre-Myriadis en 2017. Je suis également doctorante en anthropologie à l’université Paris-Nanterre et je travaille sur la question de la parentalité dans les familles en unschooling. Je dis parfois que je suis accompagnante polyvalente dans la mesure où ma spécialité est l'accompagnement, qu'il s'agisse de femmes, d'hommes, de couples, d'enfants, de personnes handicapées ou âgées. J'ai commencé ma vie professionnelle en tant qu'éducatrice sportive handisport et sport adapté. J'ai également été animatrice LLL et animatrice portage au sein de l'association Peau à Peau. Je suis une slasheuse comme on dit aujourd'hui : doula, formatrice en portage physiologique, formatrice en planning familial naturel (connaissance de sa fécondité, contraception naturelle, désir d'enfant). De plus, je suis attachée à communiquer sur la gestion du flux appelé également le flux libre instinctif (ou encore les femmes sans couche, parce qu’il n'y a pas que les bébés qui y ont le droit). Lorsqu'on m'a proposé d'écrire dans Grandir Autrement, j'ai bien sûr accepté avec joie. Contribuer à un magazine mettant en lien parentalité et écologie (et donc aussi féminité) ne pouvait pas mieux tomber. Je prends donc depuis janvier 2016 un grand plaisir à y écrire pour partager mes expériences et les idées que j'ai pu développer tout au long de ma vie ou bien d'aborder des thématiques avec la perspective qui est la mienne et ainsi, en me découvrant, les réinterroger tant que possible. Parce que je crois que la diversité est la résilience et/ou que la résilience est la diversité, je suis heureuse de pouvoir exercer toutes ces activités qui, bien que différentes, restent liées par les valeurs qu'elles soutiennent et véhiculent. Une façon pour moi d'allier ces valeurs à ma vie professionnelle sans mettre de côté ma vie familiale.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.