
Avant d’aborder les aspects pratiques, passons en revue les craintes le plus souvent exprimées au sujet de l’allaitement pendant la grossesse. L’allaitement risque-t-il de priver le fœtus de nutriments indispensables à son bon développement ? La réponse est non, à condition, bien sûr, que sa mère veille à avoir une alimentation variée et équilibrée et qu’elle se repose suffisamment2. Conditions valables également pour écarter une autre crainte fréquemment évoquée, concernant la mère cette fois : allaiter enceinte ne risque-il pas de fatiguer celle-ci plus que de raison ? Là encore, le bon sens semble nous apporter une réponse évidente. Ainsi, Julie G., dont la fille de 2 ans et demi tétait encore beaucoup lorsqu’elle est tombée enceinte, explique avoir « décidé de supprimer la tétée de 2 heures du matin, par peur de la fatigue. Cela a été dur les trois premiers jours, mais ma fille a accepté et, en un mois, elle a arrêté spontanément aussi la tétée de 5 heures. Comme j’ai effectivement été très fatiguée, j’ai pris avec plaisir ce surcroît de sommeil ! » La fatigue peut aussi se faire sentir lorsque le bambin devient soudain plus demandeur, ainsi qu’en témoigne Marie, dont la fille avait 17 mois lorsqu’elle a découvert qu’elle était enceinte : « Le premier trimestre, j’étais épuisée. Par la grossesse, bien sûr, mais aussi par le fait que ma fille ne voulait que moi tout le temps et me sollicitait beaucoup. » Une question qui revient souvent également est de savoir si la poursuite de l’allaitement peut augmenter le risque de fausse couche en raison des effets de la stimulation des mamelons sur l’utérus. Là encore, la réponse est non, dans le cas d’une grossesse normale en tout cas. Les contractions éventuellement induites par la stimulation des mamelons ne risquent pas de provoquer l’accouchement, du moins pas avant le terme, moment à partir duquel le corps lève les garde-fous mis en place jusque-là pour bloquer les effets produits par cette stimulation3.
Enfin, une autre idée répandue, qui concerne cette fois l’enfant allaité, est que le lait deviendrait « mauvais » pour lui pendant la grossesse. Bien sûr, il n’en est rien. Le lait maternel demeure une excellente source de protéines, graisses, calcium et vitamines pour l’enfant, d’autant que celui-ci est généralement déjà passé à une alimentation solide et diversifiée qui lui apporte aussi les nutriments dont il a besoin. En outre, le lait maternel permet à l’enfant de continuer à bénéficier de ses facteurs […]