De la même manière que le corps a son intelligence propre pour se réparer, le psychisme dispose lui aussi de son processus de cicatrisation. L’objectif est le même pour le corps et le cœur : survivre à la blessure. Pour le Docteur Christophe Fauré1, c’est ce processus de cicatrisation psychique qu’on appelle le deuil. Comme pour une blessure corporelle, prendre soin de la plaie permet d’éviter l’infection et laisse au final une cicatrice de qualité. Il restera une trace, toujours. Un avant et un après. Voyons comment accompagner ce mouvement, « comment faire en sorte que cette cicatrisation soit la plus apaisée possible ? 2 ».
Il s’agit pour l’endeuillé de passer d’une relation objective extérieure avec la personne perdue à une relation intérieure et cela nécessite de revenir à soi, au cœur de sa solitude intérieure. Plus on a connaissance de la réalité du processus, plus on a conscience des étapes à traverser. Même si «
la connaissance ne permet pas de faire l’économie de la souffrance3 », elle permet de visualiser le chemin du deuil qui est le même pour tous et d’anticiper les périodes difficiles. «
Donner de la connaissance autour du deuil va permettre aux gens de comprendre qu’ils ont un certain pouvoir sur leur capacité à prendre soin d’eux-mêmes et c’est capital pour ne pas se retrouver dans un vécu d’impuissance.4 » Ce qui est spécifique à chaque personne endeuillée, ce n’est pas ce processus de cicatrisation psychique, mais le travail de deuil qui l’accompagne. En règle générale, on entend parler des cinq étapes du deuil : le déni, la colère, la négociation, la dépression, l’acceptation. Ce sont celles déterminées par Elisabeth Kübler-Ross
5, psychiatre spécialisée en soins palliatifs, pour une personne qui fait face à l’annonce de sa propre mort plus que pour une personne endeuillée.
Reste que la question du temps est primordiale : c’est un temps long qui n’est pas celui de la société, qui n’a qu’une hâte, que l’on n’en parle plus tant la mort et le deuil sont tabous. Toutes les références au temps sont ici des moyennes données à titre indicatif. Chaque deuil est unique, épuisant et demande beaucoup de patience.
Un processus de cicatrisation en quatre étapes
Le processus fonctionne de manière sinusoïdale, en alternant les « je vais bien-je ne vais pas bien » sans que cela ne relève de la décision : c’est dire la difficulté à ce que les courbes correspondent pour deux personnes faisant face au même deuil, comme l’exprime Lyne quand elle écrit : «
ce qui a été difficile, c’est de me sentir si seule entourée de ma famille. Notre façon de vivre ce deuil était tellement différente ! ». Toutes ces étapes sont « normales » voire nécessaires pour une cicatrisation de qualité. La première étape est appelée phase de choc. Le docteur Christophe Fauré y décrit l’endeuillé dans un état […]
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